jeudi 22 janvier 2009

Obama, l’Amérique, l’Afrique et la Mauritanie.

serment-obama-investiture-constitution- L’investiture hier de Barak Hussein Obama comme 44èmeprésident des Etats-Unis d’Amérique aura été une émouvante concrétisation du « dream » de Martin Luther King et par delà, celui des nègres dans leur ensemble .Le président Obama aura cristallisé autour de sa personne toute une symbolique d’identification et de projection de la masse noire anonyme et aphone trop souvent et longtemps marginalisée, opprimée voire asservie jusque sur le continent noir même.L’investiture d’Obama aura été aussi l’apothéose d'une revanche sur l’Histoire des «cargaisons de bois d’ébène» déversées sans ménagement outre-atlantique pendant d’interminables siècles !Mais au-delà de la fierté légitime qu’en tireraient les africains surtout au sud du Sahara, n’y aurait-il pas des raisons aussi de remettre cette fierté dans la poche ? Douche froide ! Ne surtout pas perdre de l’esprit qu’Obama tout noir qu’il soit, n’en est pas pour autant africain !

A)Qu’attendre donc d’Obama pour l’Afrique ?

Pour cerner le champ des attentes et espérances soulevées par l’avènement d’Obama à la Maison blanche, il serait utile de passer en revue brièvement les réalisations de ces devanciers immédiats «présidents WASP» en l’occurrence B.Clinton et G.W Bush.

i)B.Clinton et l’African Growth and Opportunity Act (AGOA) soit en français :Loi sur la croissance et les possibilité économiques en Afrique:Cette initiative américaine promue par B.Clinton en 2000 ouvre de façon dérogatoire le marché américain aux exportations des pays éligibles de l’Afrique au sud du Sahara avec franchise douanière et quantités illimitées.Notre pays éligible jusqu’avant le putsch du 06-08-08 ne l’est plus de nos jours pour défaut de bonne gouvernance politique et économique .Il en a été donc tout banalement exclu !ii)G.W.Bush et le Millenium Challenge Account (MCA) :En instituant ce nouvel outil de coopération, Bush aura fait œuvre novatrice en réformant et bouleversant profondément les procédés et méthodes de l’aide publique au développement américaine .Notre pays jugé éligible au MCA quelques mois seulement après l’avènement du régime démocratique issu des élections d’avril 2007 aura été disqualifié juste après le putsch par les autorité US pilotant cet ambitieux programme d’aide publique américaine au développement.Cette exclusion nous aura fait perdre 25 millions d’usd décaissables en octobre 2008 et une enveloppe globale de 400 millions d’usd correspondant a la dotation MCA-Mauritanie .Soit le faramineux montant de 425 millions d’usd partis en fumée par la faute de l’irresponsabilité et la légèreté du putsch entrepris par le général limogé!D’aucuns estiment du reste que notre double exclusion de l’AGOA de B.Clinton et du MCA de G.W.Bush serait la première balise d’une série de sanctions et de pressions américaines en vue de faire échec à la dictature et pour le rétablissement de l’ordre constitutionnel .

iii)La lutte contre la pandémie du VIH le Sida en Afrique subsaharienne aura été également une priorité pour les deux ex présidents US Clinton et Bush qui s’y seront énergiquement investis.iiii)Marge de manœuvre et centres d’intérêt éventuels d’Obama en Afrique.Les valeurs démocratiques, la stigmatisation de la corruption et de la dictature auront été des thèmes récurrents du programme politique du candidat Obama .Il serait donc à attendre de lui qu’il soit plus intransigeant et moins tolérant avec les autocraties . A la différence d’un Bush plutôt permissif avec les dictatures s’étant montrées coopératives dans le cadre de sa croisade anti-terroriste dite « War on Terror ».Par conséquent, l’argument fétiche et sésame de la collaboration anti-terroriste ayant fait le bonheur de nombre de dictateurs émules du général limogé ne tiendrait plus la route avec Obama .De quoi couper l’herbe sous ses pieds, lui qui aurait caressé l’espoir de monnayer la toujours très «mystérieuse tuerie de Tourine» et plus globalement encore la menace terroriste Salafiste contre une reconnaissance tacite fusse-t-elle de son régime putschiste à l’instar de la dictature de Musharaf au Pakistan à la suite des attentats du 11 septembre 2001.

Obama le démocrate rigoriste le sera bien évidemment envers l’Afrique, la terre de ses ancêtres, il serait donc à prévoir qu’il s’engage à fond dans la promotion de la démocratie et du commerce équitable .Il le ferait en s’appuyant sur les outils de coopération préexistants AGOA et MCA mis en place par ses devanciers, comme moyens de pression économiques voués à la démocratie et la bonne gouvernance .Mais là aussi, il y aurait lieu de ne pas pavoiser trop tôt pour les exportations africaines, agricoles notamment aux USA :Obama aurait plus à cœur de défendre et protéger ses agriculteurs au grand désarroi de la filière ruinée africaine du coton par exemple et de bien d’autres encore.

Comme il n’a eu de cesse de le promettre tout au long de sa campagne présidentielle, il serait permis d'envisager qu’Obama mettrait en œuvre dans les meilleurs délais possibles son ambitieux programme de 50milliards d’usd consacrés à la lutte contre le Sida en Afrique surtout subsaharienne dont notre pays bien évidemment .A moins que la dictature ne trouve encore une fois le moyen de nous en priver comme ce fut le cas avec les centaines de millions d'usd de l’AGOA et du Millénium Chalenge !En matière de politique étrangère, pour sûr qu’Obama romprait avec l’unilatéralisme sans-gêne et désobligeant de l’ultraconservateur Bush pour lui substituer une approche plus multilatérale ce qui ne manquerait point d’avoir des incidences certaines sur les règlements de plusieurs conflits en Afrique dont, plus près de nous, celui du Sahara occidental, les conflits dans la région des Grands-Lacs ainsi que celui du Darfour .Pas si loin de nous aussi, au Proche-orient, il ne serait pas à exclure que le président Barack Hussein Obama suscite plus d’empathie au sein du monde arabo-islamique que ses devanciers, en raison tout banalement de ses origines et de ses prénoms (sic), ce qui ne serait pas sans faciliter la recherche d’une solution et d’une paix durable dans cette partie du monde.

B)Obama est certes noir mais pas africain :bémol donc aux aspirations éventuellement excessives du continent noir !

Passées les effusions, il faudrait que les africains aient conscience d’une évidence toute simple : le président Obama a été élu pour et par les américains !Par conséquent défendre les intérêts des USA serait son job à plein temps .Et, au risque d’en étonner plus d’un, il n’est pas sûr qu’Obama doive son élection à une évolution des mœurs politiques américaines, en fait il n’aurait été que «l’instrument noir de blanchiment d’une Amérique» à l’image de marque décolorée par 8 ans de pouvoir de l’administration du président US le plus impopulaire du 20ème siècle probablement, Bush.En fait, l’élection d’Obama l’afro-américain s’inscrirait dans la droite ligne du pragmatisme politique et économique surtout d’une Amérique en pleine dépression qui voudrait mieux se vendre quitte à se choisir un support publicitaire porteur, rempli de symboles et de charges émotionnelles comme mon congénère l'afro-américain Obama et cela pour mieux asseoir son hégémonie sous d’autres traits et surtout d’autres pigments .L’on peut donc conjecturer que sa marge de manœuvre pour innover serait plutôt étroite en raison des lobbies enracinés et inexpugnables de la Maison blanche et du Congrès .Surtout que ces lobbies qui ont consenti des centaines de millions d’usd pour sa campagne, des montants record, ne se distingueraient guère par l’absence de tout afro-pessimisme .La plupart d’entre eux ne verraient en l’Afrique que des occasions de faire du business en or ou d’accorder des financements à des taux usuriers .

Conclusion :

Même si l’élection d’Obama à la présidence des Etats-Unis aura permis aux noirs de la Diaspora et du continent de fredonner à l'unisson le fameux tube du «Soul brother Nr1» James Brown, « I ‘m black and I’m proud » il y aurait lieu d’observer une certaine circonspection pour se prémunir des grosses déceptions contingentes.Encore que, tout porterait à croire qu’Obama l’afro-américain serait plus à même d’humer et d’appréhender une Afrique qu’il aurait dans les veines .Wait and see!

Aucun commentaire: