mercredi 28 janvier 2009

Obama, l’Amérique et le Maghreb.









Khalil Balla Gueye

(Suite de l’article précédent)

En se référant au programme autour duquel se sera articulée la campagne électorale du candidat démocrate et actuel président des USA Mr Barack Obama il serait aisé de constater qu’il ne ressentirait aucune urgence à impliquer son armada diplomatique dans le traitement du nœud gordien litigieux que serait notre sous-région du Maghreb.Ce manque d’empressement ne devrait toutefois pas être pris pour de la négligence, il y aurait en fait plus urgent et préoccupant aux yeux de la nouvelle administration Obama comme le Moyen-orient, la lutte anti-terroriste, l’Irak et les dossiers nucléaires Iranien et Coréen etc…toutes priorités à même de prendre le pas sur un Maghreb où il n’y aurait pas encore le feu fort heureusement du reste pour nous .Et cela en dépit de l’épineuse question du Sahara occidental, du terrorisme Salafiste et du déficit démocratique endémique et chronique dans la sous-région .Notre pays, la Mauritanie est bien évidemment et malheureusement bien interpellée par les 3 problèmes précités !

Cela dit, qu’on n’aille surtout pas en conclure hâtivement qu’Obama et sa Secrétaire d’Etat Hillary Clinton tourneraient le dos ou rechigneraient à s’impliquer dans le traitement éventuel des litiges et confrontations minant la situation politique dans la sous-région Maghrébine.Pour sûr que les relations Mauritano-US qui connaissent des ratés déjà bien graves avant Obama en essuieraient de plus gros encore imputables à la non reconnaissance par Washington de l’Etat hors-la-loi que peine à imposer un général limogé voué à l’unisson aux gémonies par la terre entière !

Ce qui nous amènerait à nous interroger sur la participation en tant qu’observateur de notre pays aux prochains rounds de Manhasset 2009 qui devraient reprendre incessamment sous la houlette du démocrate Christopher Ross tout récemment désigné comme envoyé spécial des Nations-unies succédant ainsi à Peter Van Walsum qui aura organisé les 4 premières sessions desdites négociations .Il y aurait ainsi fort à parier que les prochaines joutes 2009 de Manhasset seraient les « bonnes » car les dernières résolutions du CS avaient insisté sur la nécessité d’aborder cette fois ci les négociations avec « réalisme et esprit de compromis » .

Conclusion ou interrogation :quelles seraient donc la portée et la validité du « bradage » prévisible que ne manquerait pas de faire la «diplomatie putschiste » d’un général limogé assurément trop accommodant et laxiste ?Accommodant, il le serait à n’en pas douter, ne serait-ce que pour tenter de s’attirer les bonnes grâces du Royaume Chérifien ce grand ami des USA qui ne font pas grand mystère non plus au sujet de leurs inclinations pour les thèses « autonomistes » Marocaines .Manifestement, le règlement éventuel de la question du Sahara occidental qui nous concerne au premier chef se ferait donc probablement sur le dos de nos intérêts vitaux bazardés par une junte opportuniste !

Il serait aussi à prévoir que le Royaume du Maroc, allié de toujours des USA dans la sous-région Maghrébine ait à partager ce « privilège du roi » (sic) avec son grand rival bien républicain que serait l’Algérie.Rivalité aiguisée, exacerbée et rendue possible par les colossales ressources en hydrocarbures Algériennes conjuguées avec ce qui semblerait bien être devenu un capital tout aussi inappréciable depuis les attentats du 11 septembre 2001 :sa connaissance et son expérience de la lutte anti-terroriste notamment contre les Salafistes du GSPC transmué en BAQMI (Branche Armée d’Al Qaida au Maghreb islamique) .



Deux arguments de poids cumulés par l’Algérie et qui ne sauraient laisser indifférent aucun président américain fut-il pas Bush comme le démocrate et peu belliqueux Obama, à l’en croire en tout cas.Ne surtout pas perdre de l’esprit que les intérêts géostratégiques et géopolitiques US seraient une constante invariable quelque soit le locataire du moment de la Maison blanche !Et contrairement à son prédécesseur, le nouveau président aura tôt fait d’afficher sa rupture avec l’unilatéralisme de Bush pour lui substituer une approche associant les Etats tiers parties aux conflits et litiges impliquant les USA, (Cf article précédent « Obama, l’Amérique, l’Afrique et la Mauritanie. »).D’où la fin envisageable de l’exclusivisme pro-Marocain US dans la sous-région du Maghreb .



A l’instar de notre pays, la Tunisie devrait rencontrer certaines démêlées avec un Obama très à cheval sur la démocratisation des Etats dans le monde et tout particulièrement en Afrique, ce continent auquel il serait lié presque ombilicalement tout président des Etats-Unis qu’il soit pourtant .Il ne serait alors guère surprenant qu’Obama nous serve plus solennellement qu’il ne l’a déjà fait pendant sa campagne électorale une version US du «discours Mitterandien de la Baule » question d’afficher ses propres principes d’abord et de damer le pion, pourquoi pas, aux Européens en Afrique, cette chasse gardée du vieux continent.L’entreprise serait d’autant plus faisable et aisée que l’Afrique, ici le Maghreb serait demandeur vis-à-vis d’une Amérique ne traînant pas derrière elle les mêmes « casseroles » et préjugés coloniaux encombrant ses alliés Européens.



Enfin, le retour en grâce de la Libye devrait se poursuivre en dépit de la versatilité et de l’imprévisibilité bien souvent « calculée » voire affectée et des frasques d’un colonel plutôt assagi depuis le règlement de l’affaire du Lockerbie et le retrait de son pays de la liste noire dressée par les USA des Etats ayant des accointances terroristes .

Au terme de cet essai, l’on pourrait affirmer que toutes ces supputations seraient toutefois sujettes au remarquable et invariable pragmatisme d’une Amérique qui, comme tous les Etats du monde du reste, n’aurait pas des amis mais rien que des intérêts ! Wait and see là aussi !

NB : Les thèses autonomistes Marocaines= Plan d’autonomie interne du Sahara dans le cadre de la souveraineté Marocaine.

Obama consacre sa première interview au monde musulman sur une chaine arabe



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