samedi 16 mai 2009

Echec de la médiation Sénégalaise:la dictature rate le coche, tant mieux pour la démocratie.

(On ne paie jamais trop cher une bonne leçon.Proverbe)
Le président Wade à la tête d'une notable délégation comprenant Mr Jean Ping président de la Commission de l'UA, Mr Djinnit réprésentant spécial du SG des NU en Afrique occidentale et Mr Ali Triki Sécretaire Libyen chargé des affaires africaines, aura entrepris à Nouakchott une médiation que d'aucuns auront qualifiée de la dernière chance, le mercredi 14 courant.Et cela à près d'une semaine seulement de l'ouverture de la campagne électorale prescrite par l'agenda unilatéral imposé par la junte putschiste au pouvoir.Après une journée d'intenses pourparlers et tractations avec les différents protagonistes de la crise dont bien évidemment le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi et le général limogé, entre autres acteurs politiques, force aura été cependant de constater l'échec de la médiation Sénégalaise.La pierre d'achoppement étant le refus obstiné des putschistes d'ajourner leur agenda électoral unilatéral prévoyant des élections dites présidentielles anticipées le 6 juin prochain.Au lendemain de cet énième insuccès imputable, comme d'accoutumé, à l'obstination forcenée dans le refus de tout compromis du général putschiste il serait saisissant de souligner qu'en éconduisant si malhabilement la médiation du président Wade appuyé par l'UA et l'ONU, le général limogé ne semble toujours pas avoir réalisé qu'il vient de compromettre pour de bon ses chances de légaliser son coup de force aux yeux de la CI.Pire, il se sera mis celle ci bien plus qu'avant sur le dos pour longtemps encore et il n'avait vraiment pas besoin d'en rajouter pour aggraver son intenable position à terme.A moins qu'il ne se prenne pour un Robinson Crusoé régentant une île déserte aux confins du Sahara dénommée Mauritanie auquel cas nous serions bien curieux qu'il nous la place donc sur une carte.Pour bien comprendre l'aubaine inespérée que vient de gâcher celui qui ne rêverait pourtant que d'une impossible reconnaissance internationale de son régime putschiste posons nous donc quelques questions simples qui tiendraient presque de la politique-fiction:(i)Que se serait-il produit si le général putschiste avait accédé à la demande du président Wade relative à un éventuel ajournement de son calendrier électoral unilatéral?(ii)Quelles seraient donc les raisons « intimes » qui auraient amené Aziz à rater si grossièrement le coche pour le plus grand bien de la démocratie?(iii)Enfin les conclusions à tirer d'un tel bide.
(i)Que se serait-il produit si le général putschiste avait accédé à la demande du président Wade relative à un éventuel ajournement de son calendrier électoral unilatéral?
1*Si la junte au pouvoir avait eu la présence d'esprit d'accepter d'ajourner son calendrier électoral imposé au pas de charge, il y aurait eu fort à parier que la CI réprésentée par l'ONU et l'UA aurait mis cet acte de «bonne volonté» à son crédit et aurait envisagé avec de meilleures intentions et dispositions la suite des tractations éventuelles pour une sortie de crise acceptable par toutes les parties y compris ces «putschistes assurément bien accommodants» tout de même au final.Gain de fréquentabilité donc.Surtout que ladite concession faite à peu de frais aurait pu rapporter gros comme diraient les accros des jeux de hasard.Nous verrons plus loin pourquoi.Manifestement, Aziz et ses conseillers auront été de piètres joueurs sur ce coup ci.
2*Sans préjuger de la qualité et de l'appartenance politique des candidats éventuels qui se déclareraient, un report des élections aurait sûrement suscité de nouvelles candidatures plus sérieuses aux "présidentielles anticipées" étoffant et rehaussant ainsi le niveau de la compétition qui n'en serait que plus crédible encore aux yeux de la CI, même si personne ne serait dupe quant à l'issue finale fort prévisible du scrutin forcément pipé comme il se doit bien évidemment.Car, comme de mise dans toute dictature qui se respecte, la nôtre se sera arrangée pour que «pile elle gagne, face elle ne perd pas»!Le jackpot à tous les coups.
3*L'ajournement du calendrier électoral par Aziz aurait aussi renvoyé ipso facto la balle dans le camp des antiputschistes qui devraient tout de même bien faire état des raisons qui les ont amené à demander le report sine die, celui ci n'étant pas une fin en soi.Autrement dit, ils se devront de justifier et de répondre à cette question ci:un report pourquoi faire donc?Or, il se trouve que depuis que le RFD a rejoint le camp antiputschiste la base consensuelle de l'opposition est devenue très ténue et indicible.Que compterait bien faire l'opposition dans l'intervalle du report, quelles alternatives proposerait-elle donc?Difficile d'improviser en quelques semaines une position commune acceptable par toutes les formations antiputschistes avec le RFD en prime.D'où d'inévitables zizanie et imbroglio difficilement surmontables en si peu de temps.Dans ce cas de figure aussi, les putschistes auraient à coup sûr tiré leur épingle du jeu en prenant au dépourvu et divisant une opposition loin d'être monolithique comme le BASEP militaire et «parlementaire» (sic) d'Aziz.
4*Ceci expliquant cela peut être, l'ajournement des élections aurait, à n'en pas douter, contribué à diviser immanquablement l'opposition démocratique et les tenants de la légalité car certains voudraient bien y voir une embellie de nature à leur permettre de sauver enfin la face avec l'illusion d'avoir finalement réussi à ramener au compromis l'intraitable et obstiné général putschiste.Il ne serait à craindre alors que certains opposants voire certaines formations politiques de l'opposition peu persévérants et patients et qui n'en demandaient pas tant du reste ne se se faufilent à travers la fausse «brèche aspirante» ainsi pratiquée par les putschistes et cela sans demander leur reste.Ne nous voilons pas la face, des opportunistes volages et volatiles il y en a urait dans tous les camps y compris celui de la légalité.
5*Enfin, un ajournement des élections aurait infailliblement posé sur le tapis la question incontournable:que faire donc du président légitime?Et là aussi Aziz et ses amis putschistes auraient tout à gagner en mettant en évidence les dissensions à ce sujet jusqu'au sein même de l'opposition coalisée FNDD-RFD.Ahmed Ould Daddah n'ayant jamais fait grand mystère de ses sentiments vis à vis du président légitime.Il y avait donc encore une fois pour les putschistes une carte et non des moindres à jouer là aussi.
(ii)Quelles seraient donc les raisons «intimes» qui auraient amené Aziz à rater si grossièrement le coche pour le plus grand bien de la démocratie?
1*Au vu des raisons citées dans le paragraphe précédent, il serait plutôt laborieux voire absurde même de tenter de trouver une explication rationnelle stricto sensus au refus défiant toute raison fait par le général putschiste.Et pour se mettre la terre entière sur le dos, il ne pourrait s'y prendre mieux.Donc si justification il y aurait à cette bévue commise par les putschistes elle serait à chercher dans le tempérament et l'état d'esprit de notre général-patient confortablement calé sur son divan pour les besoins de notre analyse psy.Manifestement, le sujet souffrirait d'une méfiance maladive qui n'est pas sans rappeler celle de son mentor Taya.Ayant prétendument démissionné de la présidence du HCE et de l'armée il ne serait donc plus tout à fait sûr de pouvoir encore garder longtemps la main haute sur son «outil de travail» qui ne serait rien moins que la force armée au service de ses ambitions personnelles.Une incertitude sur les lendemains se serait visiblement emparée de lui au point que les semaines qui passent seraient vues comme autant de périls à surmonter.Le plus tôt il investirait le palais présidentiel mieux ce serait de son avis et sans s'embarrasser outre mesure de fioritures.Notre général limogé-démissionnaire semblerait soudain angoissé à l'idée de la fin du mythe du «leader charismatique» dépouillé de ses galons étoilés, dérisoires attributs de la force à ses yeux.Par ailleurs, cela nous édifierait suffisamment sur le degré de confiance qu'il aurait vis à vis de ses camarades militaires du HCE et autres encore en activité.
2*Toujours dans le registre de la défiance, notre candidat putschiste émule de Taya craindrait qu'un report éventuel n'ouvre la voie à certaines candidatures plus solides et consistantes que celles déjà en lisse et de nature à porter ombrage à la sienne voire de lui damer carrément le pion, pourquoi pas.Appréhensions tout à fait fantaisistes sachant qu'il n'hésiterait point à nous la rejouer à la «Kobeni» comme son gourou Taya en d'autres temps.
3*La présence plutôt acquiesçante dès le début du président Wade, l'ombre tutélaire du Guide Libyen en la personne de Triki lui auraient fait reprendre du poil de la bête.Manifestement, point n'est besoin d'être devin pour comprendre que le président Wade aurait affecté d'entreprendre une médiation rien que pour se dédouaner aux yeux de la CI, de l'UA et de l'ONU d'avoir presque reconnu le putsch comme il l'a fait avec les Guinéens aussi.Il n'est un secret pour personne qu'il aurait déjà jeté son dévolu depuis belle lurette sur son «boy nar» natif de son pays et de surcroît gros propriétaire immobilier au Sénégal nous aurait-on dit.En politique comme dans la vie, il y aurait aussi de la place pour l'affectif même si ce n'est pas la règle et Dieu seul saurait ce qu'ils se seraient dit lui et son poulain en dialecte Wolof en aparté.Et ce sera toujours cela pour nos 200.000 frères Sénégalais établis en Mauritanie dirait sous cape sûrement le président Wade et nous aussi avec lui du reste.Mais, Mr le président Wade, il y va aussi du sort de toute une nation prise en otage tout de même, SVP!
(iii) Conclusion:Rien que le simple fait d'avoir évacué d'un revers de main catégorique et arrogant l'ajournement d'élections où il aurait en plus tout à gagner et cela tout en faisant fi des intercessions de la CI par le biais de l'ONU et de l'UA permettrait déjà de présager de la conception unilatérale et sans partage qu'aurait le candidat-dictateur du pouvoir.L'homme semblerait assurément réfractaire à la culture du compromis fut-il avantageux pour lui comme d'établi plus haut.Rigidité et manque de flexibilité distinctifs de la race universelle des despotes de triste mémoire.Il faudrait bien admettre qu'Aziz aura été à bonne école et aurait de qui tenir et comment donc!Enfin, que l'opposition démocratique se le tienne pour dit une bonne fois pour toutes:on ne négocie jamais valablement avec la dictature, on résiste jusqu'au bout, tout court.Au terme de la médiation Sénégalaise du président Wade, il serait permis d'affirmer que l'avenir de la démocratie en Mauritanie l'aura échappé belle grâce à...l'entêtement du général limogé aussi paradoxal que cela puisse paraître.On ne nous y reprendra plus devraient clamer en choeur tous les démocrates de ce pays!
(A quelque chose échec (malheur) est bon!)

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