samedi 9 mai 2009

La «razzia-social-démocratie»: une alternative ?

(Quoiqu'écrit sur le ton du persiflage, cet essai se voudrait néanmoins sérieux!)
En réfléchissant aux mécanismes et ressorts de la gabegie ainsi qu'aux voies et moyens d'en venir à bout m'est venue l'idée d'écrire cet essai.Ce faisant, je me proposerais de procéder à un examen soutenu de ce phénomène de société bien vivant et coriace qu'est la concussion.Vous aurez remarqué que j'ai parlé intentionnellement d'un «phénomène de société» car j'estime que les origines de ces mœurs déprédatrices séculaires plongent leurs racines dans nos tristement célèbres rezzous et razzias pratiqués par certaines tribus ; usages magnifiés et chantés par nos trouvères et poètes depuis la nuit des temps.Ces «petites manies» traditionnelles auront été si louées voire glorifiées qu'elles se sont érigées en règles coutumières non écrites et non dites ainsi qu'en automatismes et réflexes régissant la gestion tant publique que privée de l'activité politico-économique nationale.Et puisque ces mauvaises mœurs et accoutumances semblent si obstinées, rétives et assurément inexpugnables, tâchons donc de faire contre mauvaise fortune, bon cœur.Par conséquent, comme le dit si bien le proverbe arabe :«baise la main que tu ne peux pas encore couper».Déférent et obéissant à l'égard de la sagesse de cet adage arabe et sans doute Mauritanien aussi, je m'évertuerai donc dans cet essai à sacrifier au rituel du baisemain.

Je m'y soumettrai si obséquieusement que je me ferais bien fort d'être, une fois n'est pas coutume, le théoricien, le chantre voire en certains moments le saltimbanque de la «razzia-social-démocratie».Un nouveau concept socio-politique de ma facture à faire pâlir d'envie mes prédécesseurs allemands et scandinaves, livides et fades doctrinaires de la «Sozialdemokratie».Mais, avant de présenter au grand public la trouvaille Mauritanienne, examinons brièvement ce qu'est la social-démocratie originelle européenne:«un Etat-providence qui protège la population ... et des niveaux de prélèvements élevés afin de financer les dépenses publiques via un impôt progressif…»(Wikipedia).L'originalité de notre version à nous autres du désert consisterait en ce qu'elle se proposerait d'ancrer et de consolider la culture social-démocrate en Mauritanie en l'arrimant à l'immémoriale culture de la razzia.Pas moins que cela, aussi simple et ingénieux à la fois, une évidence, une lapalissade.Devant le constat désespérant de notre impuissance à venir à bout de cette fatalité structurelle et sociologique qu'est la concussion essayons , tant qu'à faire, de la mettre au service de la justice et de l'équité au moins.Autrement dit, transmuter l'acte immoral, choquant et déshonorant en acte de haute portée morale et sociale.En somme, rendre à la razzia sa fonction distributive, collectiviste d'avant la colonisation (1905).

Il semblerait bien que nos razzieurs au grand cœur d'antan, comme Mr Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir, faisaient de la social-démocratie distributive sans le savoir en «empruntant» aux riches tribus ou aux populeuses contrées négro-africaines pour donner à leurs congénères tribaux, à leurs tributaires, à leurs esclaves, à leurs griots et à leurs forgerons etc...Une vraie chaîne de solidarité reproduite de nos jours encore par les organisations caritatives et les pays dits socialistes ou social-démocrates.Ce qui m'amènerait spontanément à revendiquer fermement pour mon pays la paternité du poinçon des «Restos du cœur» piqué par l'impertinent Coluche!Les social-démocraties européennes ne font guère mieux que de prendre aux riches et aux moins riches sous forme d'impôts pour donner aux plus déshérités.Contrairement au libéralisme sauvage, en social-démocratie il n'y a pas de laissés-pour-compte ou presque.Et c'est précisément ce que faisaient mes ancêtres razzieurs en aspergeant voire inondant de leurs libéralités gratuites toute la «Âchira» et ses dépendances.Toute la difficulté de l'exercice serait banalement de transposer ce système de "moralisation du pillage" à nos «razzieurs aux cols blancs» des temps modernes résolument peu philanthropes et charitables.Pour le décors contemporain et en lieu et place des griots, les journalistes et autres thuriféraires de tous acabits feraient amplement l'affaire.Voilà qui est dit, les décors sont plantés et je m'explique.
Lorsque «Hentat des sables», appelons le comme cela, à l'instar de tous les razzieurs anonymes célébrés de nos jours encore par notre folklore musical et poétique, revenait de l'une de ses nombreuses et périlleuses razzias, il distribuait à tours de bras et à profusion dromadaires, moutons, vaches, boeufs, esclaves et cauris à tout le clan ravi et aux anges de le revoir encore entier et surtout prospère au terme de son aventureuse et risquée toute de même équipée.Ce faisant, l'on pourrait soutenir que «Hentat des sables» en Mauritanie et Robin des bois en Europe médiévale seraient les premiers inventeurs, concepteurs et praticiens de la social-démocratie, bien avant leurs ternes émules et plagiaires allemands et scandinaves.Je l'ai déjà dit, sommairement définie, la social-démocratie serait l'art de prendre aux riches et autres nantis pour donner aux plus déshérités afin d'atténuer les inégalités sociales.Et c'est exactement ce que faisaient notre bien nommé «Hentat des sables», Robin des bois et Zorro au Mexique bien après!

En Allemagne où je vis et dans les pays scandinaves sociaux-démocrates «Leghrama» et «El Ghanima» désigneraient l'impôt sur la fortune, l'impôt de solidarité, la TVA. et divers autres impôts que l'Etat perçoit pour s'acquitter de son rôle de providence.Donc, pour réussir cette version inédite au 20ème et 21ème siècles de la «razzia-social-démocratie» à la Mauritanienne, il suffirait d'exiger le plus légalement du monde des razzieurs qui représentent chacun forcément une tribu ou une ethnie de reverser 50%, 30% ou 10%, peu importe du reste , de leurs chapardages ou razzias réalisés au détriment des deniers publics à leur clan d'extraction.Aussi simple et primitif que cela.Le prorata à reverser à la tribu, au village pour les négro-Mauritaniens et au Edebay pour les Haratines, serait à fixer par une loi votée au parlement ou par décret du dictateur en service du moment soit fort probablement le général limogé qui s'apprêterait à se "faire élire".Et le tour serait joué en une deux!Et l'on s'apercevrait bien vite comment ce procédé atypique viendrait efficacement à bout de la pauvreté dérisoirement combattue par le CLSP, la Banque mondiale, le FMI et ses interminables, vaines voire paupérisantes batteries d'ajustements structurels.De quoi faire rougir de convoitise et de jalousie le monde entier, à commencer par nos voisins immédiats ainsi que le Bengladeshi et prix Nobel Dr Yunus inventeur du microcrédit.Grâce à notre pas si nouvelle que cela «razzia-social-démocratie», tout le monde mangerait enfin à sa faim, se logerait, s'habillerait décemment, se soignerait, fréquenterait l'école privée hors de portée, irait au concert, au cinéma et se payerait même des vacances à Las Palmas voire au delà des mers.En somme la panacée, le Graal et la nouba d'enfer pour tout le monde!

Aussi et ce ne serait là pas le moindre des avantages, les "stakhanovistes de la concussion" ou RV enfin en paix avec leur conscience seraient de surcroit assurés de perpétuer indéfiniment leur «Ghrama» légalisée et fidéliseraient ce faisant leur électorat pour l'éternité en l'affriandant tout simplement par le nouvel «impôt de solidarité fixé par la loi».Le délit de détournement des deniers publics, ce non-sens désormais, deviendrait caduc et obsolète tout banalement.La solution serait si simple et banale que personne n'y aurait pensé: les «Hentat des sables» sont pourtant légions et pratiquent déjà un système élaboré de ponction et de soustraction remontant à la nuit des temps ancestraux.Il ne manquerait plus alors qu'un seul chaînon que le dictateur de service pourrait décréter d'un trait de plume ou de baïonnette, c'est selon son humeur.Et il serait aussi à prévoir que la «razzia-social-démocratie» emportât l'adhésion admirative et inconditionnelle d'un peuple formaté à la «bien-penseance de Etvegrich» sic.Cela est tout simplement gravé et sculpté dans notre inconscient collectif !Voilà donc une mesure populaire que je livre en cerise sur le gâteau à notre candidat-dictateur en manque d'actions d'éclat à inscrire sur son programme insignifiant et dérisoire mais il ne serait à craindre qu'il ne nous serve in fine qu'une "razzia-dictature" la seule qu'il connaisse vraiment, hélas.Cette idée serait d'autant plus à propos qu'elle coincide avec la réémergence d'une nouvelle lignée de «Hentat des sables» censés être les plus à même de concrétiser ce programme généreux, charitable, compatissant et innovant qu'est la «razzia-social-démocratie», notamment celle des "RV new wave" d'Aziz.D'aucuns pourraient pousser le peaufinage jusqu'à se demander qui des gabegistes «new wave» ou des précurseurs plus vieux auraient été les plus qualifiés ou doués pour implémenter avec bonheur notre providentielle «razzia-social-démocratie» ?
Pour ma part, je ne me risquerais point à faire une telle confrontation car ma toute nouvelle théorie de la «razzia-social-démocratie» exigerait des qualités ataviques très bien partagées parmi le microcosme politique voire le commun des citoyens tout simplement.Y compris moi même pourquoi pas!Et cela d'autant plus que les souffre-douleurs d'antan semblent avoir enfin acquis leurs lettres de noblesse dans cet art porté au sommum de la sophistication, de l'ingéniosité et de «l'élégance» de nos jours.Dommage, ce ne serait sûrement pas pour cette «idée lumineuse et pionnière (sic)» que j'aurais le prix Nobel d'économie !
NB:Hentat des sables = Vandale des sables

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