mardi 11 novembre 2008

A la recherche de la «fraîcheur» perdue:Nouakchott de mon enfance.

A la recherche de la«fraîcheur»perdue:Nouakchott de mon enfance.

Des lectures récentes faites sur un blog dont le nom ne me revient toujours pas ont fait naître en moi des poussées nostalgiques qui m’amèneront à passer en revue certains bons vieux souvenirs du Nouakchott de mon enfance si proche mais si lointain déjà ,hélas !Celui de la décennie 1965-75 correspondant à peu près à mon enfance et mon adolescence.Il se pourrait bien que j’y consacre même une triade de postings , mais je ne promets rien , tout dépendra des priorités de l’actualité nationale si «somptueuse» en misères et souffrances tyranniques de tous genres.Aujourd’hui donc , je m’essayerai à réaliser une fresque rétrospective de la vie quotidienne des enfants de mon âge en ces temps là .Paysage dont les senteurs et relents se sont progressivement détériorés , estompés jusqu’à extinction totale.Re-bobinage d’une époque à jamais caduque à mon grand désespoir pour les enfants du Nouakchott actuel , celui qu’Aziz le phalangiste du Basep est en train de façonner à coup d’oukases tyranniques !
Douce ville , cher Nouakchott de mon enfance !«Pas douce France!»

Sur ce blog donc,
«un-ami-avec-lequel-j’ai-eu-maille-à-partir-par-sa-faute»
s’est mis en devoir de relater certaines de nos virées et équipées d’enfants insouciants de l’époque et dont j’étais pour la plupart à coup sûr.
Mais il a oublié de dire qu’on a connu le vrai «Cruoss» , pas Gilluano Gemma du film «les Titans» mais un ami passé maître dans l’art de la culbute acrobatique ce qui lui a valu ce surnom du gladiateur voltigeur héros du film !On s’adonnait à cette pratique de voltige exactement à l’endroit où se situe l’état-major de la Garde nationale aujourd’hui habituellement .Il n’y avait là alors qu’une immense dune haute de près de 20 mètres où à chaque crépuscule un vieux berger Hartani ramenait du pâturage des centaines de "Gouerra" et de moutons , à lui confiés par les habitants de la "Capitale".«Capitale» s’entendant de l’aire allant de l’hôpital national ce bout du monde aux 3 Médinas , autant dire un mouchoir de poche.

Nous aimions aussi à nous ébattre dans le «marigot» localisé dans le site actuel de Bagdad à peu près .En fait de « marigot » , il s’agissait d’une mare boueuse innommable et immonde dans laquelle nous pataugions , insensibles à la vase visqueuse et adhésive qui formait une épaisse pelure sur nos fragiles épidermes cramés par le soleil de surcroît.Presque une écorce !
Plus loin , derrière l’actuel carrefour de Madrid ,en fait le quartier «Carrefour» si l’on veut , ,c’était notre «Jungle» , quasiment celle d’Indiana Jones de Lucas l’auteur de la «Guerre des étoiles» à notre sens en tout cas.L’Amazonie ou le Bornéo du désert , l’un de mes sites d’évasion de prédilection !En fait de "Jungle" dense et impénétrable , il s’agissait modestement de quelques acacias-Talhayats où avaient poussé , par je ne sais quel miracle encore , des tiges enlacées et grimpantes comme du lierre , très solides au bout desquelles nous nous balancions en jouant au Tarzan. Et bien sûr , en poussant son fameux cri de ralliement de ses amis bêtes "ho ho hoho" , enfin un vagissement de ce genre à peu prés.

Oui , nos fameux shorts James Bond 007 étaient inusables et increvables , nous ne les quittions de l’année que contraints par ces sales petites bestioles à la séance d’épouillage de rigueur.A part cet inconvénient « mineur » , leur tissu en Jersey avait l’avantage d’être indéstructible se prêtant ainsi à merveille à nos exigences ludiques aussi spartiates que nos héros du cinéma!Venons en donc à la «Matinée» justement , ce must , ce culte que pour rien au monde nous ne raterions , au prix souvent de grands sacrifices et privations y compris le jeûn pour certains !On faisait de longues files pendant plus de 2 heures parfois rien que pour voir les derniers spaghetti-westerns de Franco Néro , « Django :les colts chantèrent la mort et ce fut le temps du massacre » ,Sartana , Ringo , Pecos ou de Clint Eastwood «pour une poignée de dollars » etc....Il arrive souvent qu’on se fasse détrousser par «l’ogre Massa» un géant de 2 m et 150 kg en cours de chemin vers la "Matinée" ou alors par le voisin de derriére ou de devant de la queue.Le chemin de croix menant au cinoche était parsemé de pièges et de périls qu’il fallait absolument vaincre pour ne pas poireauter devant «l’Oasis» ou « el Mouna » .Les «soulagés» n’avaient d’autres alternatives que de revenir accablés et effondrés auprès de maman ou papa en les implorant de redonner 50 autres francs soit 10 UM pour un nouveau ticket !Mais le « ciné» , lui , n’attend point , tout juste si l’on pourrait espérer voir le second film !Curieuse appellation d’ailleurs que «Matinée» car en fait la séance commençait en début d’après-midi vers 13 ou 14 heures , je ne sais plus au juste !

Ah la mer !C’était aussi l’une de nos destinations favorites malgré les forts et dangereux courants et surtout l’interdiction formelle de nos parents d’y aller sans accompagnement .Notre imprudence et notre inconscience auront valu à certains , pas nombreux , d’y laisser leur juvénile et angélique vie ,hélas !Oui ,les « Zendigui » et autres "chabach mahraj sibailo" on les connaissait par coeur.Certains parvenaient à chantonner presque aussi bien que les artistes de l’actuel Bollywood.Malgré un séjour en Inde de 3 mois "Sibailo-Soldat" et "Maharaja" constituent les deux uniques vocables de mon maigre vocabulaire Hindi.
Certains gamins donnaient même l’impression de comprendre et de parler le Hindi que même tous les indiens ne parlent pas forcément .Curieusement , les marmots qui n’allaient pas à l’école étaient les plus doués pour cette langue et sa musique .Dans nos bandes de quartier se côtoyaient indifféremment , les scolarisés , les non scolarisés voire les non "scolarisables" qui sont souvent «casseurs» à leurs heures perdues aussi!Oh , rien de bien méchant tout de même ,même si à l’époque on s’amusait ensemble dans le même groupe avec des casseurs et autres loubards à casier judiciaire.Finie la récréation , ils vont faire la casse et les «casses» et nous autres , les «studieux» , rejoignions nos écoles respectives , aussi simple , normal et banal que cela !Mais ,tout ce beau monde se retrouvait aux immanquables cinoches de « l’oasis et El Mouna » must des mômes ainsi que des adultes « in » , hommes et femmes !

De Charybde en Scylla ou du racket du colosse Massa à celui de la dictature de l’ogre Aziz !
Je m’y risquerais bien à l’écrire car je sais que Massa ne lit pas les blogs et ce serait bien une déveine qu’il me lise !Cela dit , il arrive bien souvent que nos amis chapardeurs plus « aisés » nous payent une tournée de billets pour la "Matinée" à notre grand ravissement.Déjà que l’argent n’aurait pas d’odeur pour les adultes RV, que dire donc des mômes que nous étions !Petite parenthèse :il n’est à craindre que nos RV actuels n’aient fait leurs premières armes à la « Matinée » devant l’Oasis et El Mouna , çà se tente !Et pourtant , même ces durs à cuire aguerris et farouches que sont les "casseurs" n’étaient point à l’abri des muscles du méchant colosse Massa (pas Diarra , lui était réglo) qui rackettait tout le monde.Que ne fut donc ma surprise un jour , de voir Massa garde national de faction devant le bureau du gouverneur du district , un ami , j'étais tellement tétanisé que j’ai failli rebrousser chemin malgré mon rendez-vous!!
Certains de mes éventuels lecteurs auraient vécu des tribulations à raconter avec les 2 mètres et les 150 kg de ce colosse pour sûr!Mais s’y hasarderaient-ils seulement ?J’en doute !Moi , je puis le faire car me séparent de lui 5000 bons km , la distance Düsseldorf-Nktt , mais chut , n’en pipez surtout pas mot au cas où je reviendrais à Nktt ,Massa pourrait encore me faire ma fête comme jadis , du bon vieux temps!Reste à savoir si l’autre «mangeur d’hommes ,de femmes , d’enfants et de vieillards» , Aziz le voudrait bien , à son tour!Le bâillon et moi n’avons jamais fait bon ménage !Demain donc à Jérusalem , inchallah !

Les souvenirs se bousculent tellement dans ma tête que pour les narrer tous le blog n’y suffirait probablement pas. Mais tout cela est aussi bien loin et assez nébuleux dans ma tête de quadra en fin de parcours!Oui , c’est déjà bien loin que tout cela en effet et appartiendrait presque à une autre vie comme dirait les bonzes boudhistes !Et la Mauritanie a perdu son âme comme Nktt a perdu son "fog" ou brouillard quasi Londonien , à couper au couteau , que nous exhalions en mimant le geste du fumeur de cigare avec l’insouciance et la désinvolture des petites âmes que nous étions.Mais avec la dictature «anthropophage» d’Aziz , il n’est à craindre que Nktt et le pays ne sombrent sous la chape NN (Nacht und Nebel) soit « Nuit et Brouillard » mention affectée aux déportés voués à une fin certaine par la Gestapo Hitlerienne !
Tous comptes faits , notre sort aura été plus enviable que celui de la jeunesse actuelle poussée à bout par le désespoir à succomber aux sirènes du terrorisme et de la délinquance faute d’avoir une perspective d’avenir.Et avec le régime putschiste du « général forain limogé » les choses iront se dégradant crescendo à n’en pas douter !

Imaginez un instant le contraste entre notre situation d’alors et celles de nos enfants aujourd'hui ,je me prendrai pour exemple d’illustration :depuis l’âge de 12 ans , à ma 6éme , je suis "salarié"(bourse 2000 puis 3000 um environ) jusqu’à ma sortie de l’ENA sans avoir chômé un jour !Et cela est valable pour toute ma classe d’âge à peu près.Je ne me suis jamais assis durant toute ma scolarité sur un banc avec plus d’un élève , les fournitures et matériels pédagogiques nous étaient offerts gracieusement , les bibliothèques scolaires étaient bien garnies etc...Je préciserais toutefois que moi et ceux de ma tranche d’âge avons eu l’insigne privilège de ne pas appartenir à la « génération-coups d’Etat-dictature-1978 » jusqu’à nos jours !
De nos jours ,les maîtrisards avec 20 ans de chômage sont légions ,les bourses n’en parlons pas , elles sont l’apanage des rejetons d’RV à l’image de tout le pays d’ailleurs !C’est à même le sol , sous des hangars passoires que nos enfants reçoivent des cours indigestes.
Pour conclure:
puisque «l’ami-avec-lequel-j’ai-eu-maille-à-partir-par-sa-faute»
s’est repris à fredonner «Zendegui» , moi je me surprendrais bien à rêver du départ de nos «Sibailos» avant qu’ils ne réduisent en ruines ce qui resterait encore du pays !Et du retour à la démocratie , j’aurais également rêvé , bien sûr !Tant il est vrai qu’il n’y aurait rien de mieux que la force du rêve visionnaire d’un peuple pour venir à bout de la tyrannie du chef limogé des «Sibailos » Aziz !

EBAYE-Dûsseldorf, pour les anciens Nouakchottois !

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