Tout comme beaucoup de mes petits camarades , j’ai appris sur le tard que je serais descendant en lignée maternelle d’une grande tribu guerrière Béni Hassan de l’est , plus précisément du Hodh el Gharbi .
A aucun moment , de mon enfance et de mon adolescence que j’ai passées , en partie au Sénégal mais surtout à Nouakchott dans la 2ème moitié des années 60 , je ne me suis douté de mon extraction «martiale arabe» ou de mes origines négro-mauritaniennes Pulâr.Le marmot que j’étais ne s’embarrassait guère de ces fioritures ethnico-tribales auxquelles il ne comprend pas grand chose , de toutes les façons , pas plus que l’adulte que je suis devenu d’ailleurs ;un homme n'est jamais qu'un homme! «Je panse mes bobos et bleus chopés en jouant , donc je suis !»(je pense donc je suis !cogito ergo sun!) telle semblait être la seule rationalité cartésienne régissant nos cogitations plutôt candides et enfantines.Et pour cause , enfants nous l’étions et pouvions encore nous offrir le luxe de l’être vraiment en ces temps cléments là.
Au sortir du cycle long de l’ENA , quoique nanti d’un diplôme professionnel sésame , je n’aurais pu cependant réaliser mes légitimes et fondées ambitions dans l’administration publique , au MAEC notamment.Faisant contre mauvaise fortune bon coeur , je dus donc me résoudre à reprendre le chemin des études à Paris en 1988 pour accomplir de la façon la moins astreignante possible la traversée du désert séparant l’ENA du MAEC.Soit ,sans persiflage aucun , l’imprimerie nationale de Chaâb et les dunes sablonneuses des ilots "C" , pas moins que cela !
Et à ce point du récit , je m’en vais vous rapporter certaines déconvenues et mauvaises surprises qui ne seraient certainement pas arrivées à mon côté ou « personnage Béni Hassan » voire aussi à mon côté ou personnage négro-mauritanien , pour des raisons différentes bien évidemment !Les deux faces cachées de Janus en un seul homme !
Mais avant d’entamer la narration et pour être en conformité avec la typologie ethnico-tribale de mise en l’espèce , je me définirais comme un négro-arabe , un Hassano-Pular ou l’inverse , c’est kif kif !En 1989 donc , à Paris où je poursuivais certaines études professionnelles et universitaires , j’appris en mai que j’étais suspendu de ma qualité de fonctionnaire voire menacé de radiation des effectifs et ce malgré une mise en position de stage en règle !Faites donc le rapprochement (sic)!Quelques mois après et de retour au pays , je fis lever la suspension en un jour et j’eus droit à des excuses aussi.Motif :de par mon faciès , je n’étais manifestement pas le prototype classique du négro-mauritanien , en revanche mon nom lui l’était soit Khalil Balla Gueye !J’aurais été donc suspendu tout simplement en raison de mon nom de famille.Sans plus , délirant !
Une autre anecdote absurde et toujours dans le même régistre!
Fraîchement imbu de la lecture de l’ouvrage de Philippe Marchesin «Tribus , ethnies et pouvoir en Mauritanie» et succombant immanquablement aussi au mimétisme ambiant , j’ai été une fois amené à utiliser le jeu de cooptation ethnico-tribale pour « faciliter » une promotion que je méritais du reste.Un peu comme tout le monde le pratiquait et pratique toujours :arabes et négro-mauritaniens confondus.Il n’y avait tout simplement pas moyen de faire autrement dans le système Tayiste où le clientélisme ethnico-tribal était érigé en mode de gouvernement.
Pour mes oncles maternels , les Béni Hassan , je n’étais pas suffisamment «arabe» malgré mon Hassania à faire pâlir d’envie Deyloul le Deimani et de toutes façons d’autres cadres Sémites ,Quraichites ou Béni Maakel de pure lignée seraient prioritaires parmi les quotas non dits attribués par le système à la tribu .L’accueil décevant , rafraîchissant voire glacial que m’ont réservé mes oncles maternels qui m’ont pourtant élevé pour grande partie , aura donc fini de me dissuader d’aller voir de l’autre coté , chez mes cousins négro-mauritaniens , dont la société reproduit strictement les même schémas tribaux et de caste !
iii)Le «Purgatoire» ethnico-tribal d’exclusion:«nobles» et «roturiers».
En somme , arabe je ne le serais « pas encore » , et noir , bien que de couleur plutôt foncée je ne le suis « pas encore tout à fait » .Et pourtant , referez vous à ma photo ci , je n’ai pas changé de pigmentation comme Michael Jackson ou les fanas du «kheysal».Je me suis donc retrouvé dans une sorte de «no man's land identitaire» dans mon propre pays.Et progressivement mais inexorablement aussi , j’ai été littéralement catapulté , «driven out» du pays faute d’avoir pu trouver un ancrage ethnico-tribal de nature à m’amarrer au système clientéliste de Taya !Tout simplement aberrant voire burlesque à la limite!Et , on n'est pas près de sortir de l’auberge avec la dictature qui semble remettre plus que jamais ces pratiques discriminatoires au goût du jour , pour débaucher et corrompre à tour de bras au sein des aristocraties ethnico-tribales arabe et négro-mauritanienne , seules ayant droit et bénéficiaires de ces privilèges «régaliens» du "roitelet putschiste" !
Et le "brillant palmarès" de cet ostracisme ethnico-tribal établi en mode de distribution anachronique, suranné et surtout inégalitaire du pouvoir et des fonctions , est là , sous vos yeux , sans parler encore des raisons politiques!L'exil forcé , presque un bannissement!
Et à ce sujet l’actualité politique ou plutôt diplomatique de notre pays aura été «somptueuse» cette semaine:un confrère et condisciple Habib diplomate de carrière précédemment 1èr conseiller en poste à Paris vient d'être l'objet des mêmes vicissitudes politico-tribales qui m'ont amenées , entre autres , à entamer mon pénible et déchirant chemin de croix .Ce que je ne lui souhaite guère , à Dieu ne plaise bien sûr !
mardi 2 décembre 2008
Le «Purgatoire» ethnico-tribal ou le «Barzakh» social.
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